The Good Goods

Chaque jeudi matin, les infos d’un œil expert sur la transformation soutenable de l’industrie de la mode, du textile et du luxe.

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Par The Good Goods
4 avr. · 4 mn à lire
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Faites les règles qui vont vous gouverner

Un mois pour vous exprimer sur l'Affichage Environnemental · Une pétition pour interdire les PFAS · La fast fashion pénalise en recyclage · Bien faire et se taire ou communiquer · Les exports de vêtements sont pas les mêmes à Dubaï ou au Ghana · Des maternités bio.

L’édito, par Hatem Sedkaoui

Au cœur de la question du « grand export », nous cherchons la voie du milieu.
S’il est nécessaire de contrôler l’exportation des déchets textiles dans les pays non structurés pour les accueillir, l’interdire peut-être aussi une fausse bonne idée. Tout d’abord, les articles de fripes, de seconde main, seront remplacés localement par une offre neuve de fast voire d’ultra fast fashion. La population a les mêmes besoins de se vêtir et de renouveler ses achats. A prix équivalent, ce sont uniquement des vêtements synthétiques qui seront consommés et deviendront ainsi des déchets plus vite. Ensuite, l’économie structurée sur place par les pays exportateurs représente 28 millions d’emplois directs ou indirects, seulement en Afrique. Un marché rentable existe localement : pour chaque tonne envoyée il y a un acheteur qui a payé et qui commande à nouveau. Cela requiert aussi de repenser les actions caritatives en Europe, le don matière (un vêtement) deviendrait alors un don financier pour l’entraide, dans le meilleur des cas. Théoriquement, la loi régule et interdit déjà l’export de déchets dans les pays n’ayant pas de structures adéquates de gestion des déchets, comme l’article 6 de LOI n° 2023-973 du 23 octobre 2023 relative à l'industrie verte qui conforte les conventions de Bâle et de Bamako. L’OCDE a pris la décision de contrôler les mouvements transfrontaliers de déchets destinés à des opérations de valorisation à l'intérieur de la zone de l'Organisation. Le changement doit être systémique : contraindre les marques à produire moins et des vêtements de meilleure qualité en parallèle de la mise en œuvre de réglementations et de pratiques similaires pour assurer une gestion efficace et responsable des déchets de toutes sortes.

Hatem Sedkaoui, Cofondateur et Board Member de la Fédération de la Mode Circulaire, Expert en Economie Circulaire



LA QUINTESCENCE

Les points clés de la semaine sur The Good Goods et ses réseaux.

©The Good Goods©The Good Goods

#ECONOMIE Savez-vous ce qu’est un fab lab ? - Contraction de l’anglais “fabrication laboratory”, un fab lab est un espace de travail partagé pour les artisans grâce auquel chacun peut bénéficier de matériel, de machines qu’il aurait été impossible d’acheter au lancement d’un projet. C’est aussi un lieu au sein duquel les makers se partagent des conseils et s’entraident. Depuis une dizaine d’années, ils poussent partout en France, même en dehors des grandes villes. Ce réseau peut-il contribuer à redynamiser l’artisanat mode en France et à faciliter l’entrepreneuriat dans le domaine ?

#COMMUNICATION Bien faire, mais le faire savoir ? - Les marques responsables doivent-elles cesser de le faire savoir dans leurs campagnes de communication ? C’est l’avis de Solitaire Townsend, cofondatrice de Futerra et l’une des voix les plus importantes de la communication et du marketing responsable à l'échelle internationale. Dans une interview, elle développe son propos et nous donne les clés pour communiquer efficacement sans greenwasher, sans avoir l’air d’en faire trop, être ennuyeux et ni perdre son temps ou son argent.

#CIRCULARITÉ Exporter les fripes, un sujet faussement simple - D’un shop de la banlieue de Beyrouth jusqu’à Paris en passant par Anvers, Bruxelles et parfois même Dubaï, la chercheuse Emmanuelle Durand a remonté toute la chaîne de la fripe. De cette enquête, elle a fait un livre qu’elle nous raconte au cours d’un entretien. Dans son travail, on découvre notamment que sur les étals des marchés du Liban et des pays moins développés, tous les vêtements ne sont pas de seconde main. Derrière les vêtements que nous (et les marques qui surproduisent) donnons, c’est toute une économie tentaculaire et mondialisée qui se structure.


DEMAIN S’ECRIT (AVEC) LA VEILLE

A lire, à voir, à écouter ailleurs.

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L’Europe fait front contre la pollution textile

  • Le Monde et Europarl - Le ministre de l’environnement, Christophe Béchu, ainsi que ses homologues danois et suédois, Magnus Heunicke et Romina Pourmokhtari, estiment, dans une tribune que face à la pollution engendrée par le vêtement il est urgent de faire entrer les déchets textiles dans la réglementation sur les mouvements transfrontières de déchets dangereux. Le Parlement Européen en profit pour publier aujourd’hui une mise à jour de l’infographie sur l’impact de la production textile et des déchets sur l'environnement, ayant explosé avec la fast fashion.

“Réemployer” n’est pas “upcycler”, mais c’est bien de le faire jusqu’au Pitti Uomo

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