Les fibres textiles : angle mort des réglementations anti-plastiques

Les fibres textiles : angle mort des réglementations anti-plastiques

L’édito invité, par Jules Vagner

Depuis fin 2022, 175 États œuvrent à la rédaction d’un traité juridiquement contraignant visant à mettre fin à la pollution plastique. À ce stade, le brouillon du traité  fait peu mention du textile.
La production mondiale de plastique atteignait 460Mt en 2019 et pourrait tripler d’ici 2060 sans mesures contraignantes. Comme de nombreuses ONG, Objectif Zéro Plastique y a participé et réclame une réduction de la production mondiale de polymères plastiques primaires au même titre qu’une cinquantaine de pays dont les États membres de l’UE.
Nous n’étions pas les seuls puisque 196 lobbyistes de la pétrochimie faisaient sentir leur présence lors de la dernière session. Rappelons que 99% des plastiques sont dérivés des ressources fossiles, et pas moins des 2/3 des fibres textiles sont dorénavant faites de plastique.
De leur côté, les industriels du secteur textile eux n’envisagent pas une réduction mais poussent pour des solutions comme le recyclage chimique (textile-to-textile) qui est pourtant très polluant et nécessitant des investissements conséquents. 
Le même argument utilisé par les plastiqueurs depuis 40 ans... Et ne démontrant aucun résultat à l’échelle et n’adressant pas la problématique de la pollution qui est liée directement à la production. In fine, la grande majorité des fibres synthétiques termineront incinérées ou en décharge plus ou moins contrôlées comme au Ghana.

Jules Vagner, Fondateur de l'association Orléans Zéro Plastique,
Président du Fonds de dotation Objectif Zéro Plastique

LA QUINTESSENCE

Les points clés de la semaine sur The Good Goods et ses réseaux.

#DESIGN Les créateurs responsables mis à l’honneur sur la cérémonie d’ouverture des JO - La réputation de Paris, grande capitale de la mode et du design, n’est plus à faire. Le monde entier sait que la ville regorge de talents créatifs, mais cette cérémonie permet aussi au monde de réaliser que Paris continue de bouger et d’innover pour faire la mode de demain. Des dizaines de jeunes créateurs originaux ont travaillé à concevoir les tenues de l'événement. Parmi eux, plusieurs se distinguent par des démarches innovantes en matière de durabilité. Trombinoscope des jeunes designers à connaître.

#SUPPLYCHAIN  Le made in Turquie en 2024 - On en parle moins que du Bangladesh ou du Portugal, mais la Turquie est un fournisseur majeur dans les supply chains de la mode européenne. Le pays a deux grandes particularités qui font son succès : il produit à la fois de la matière première (du coton, bio et conventionnel) et des produits finis, et il est situé aux frontières de l’UE. Dans l’esprit collectif, une étiquette “made in Turkey” vaut mieux qu’une étiquette “made in Bangladesh” ou “made in India”. Mais que sait-on de la fabrication turque ? Conditions de travail, coûts de production, qualité, respects des normes, nous avons fait le tour de la question.

#INSTITUTION Qui est Sylvie Ebel la nouvelle présidente de Paris Good Fashion ? - Paris Good Fashion fait partie des institutions clés pour la mode française contemporaine. Fondée en 2019, l’association est aujourd’hui forte de plus de 110 membres, de LVMH à Kiabi en passant par Agnes B. et de toutes petites marques. Son objectif : faire de Paris non plus la capitale de la mode, mais la capitale de la mode responsable. 5 ans après sa création, l’association évolue, accueille une nouvelle présidente et, avec elles, de nouvelles ambitions qui auront un impact sur l’avenir de l’industrie parisienne.

DEMAIN S’ECRIT (AVEC) LA VEILLE

A lire, à voir, à écouter ailleurs.

• Libération - L'ONG Stand.earth a déposé plainte contre Lululemon pour greenwashing.
  
  Alors que la marque de sportswear habille la délégation canadienne aux JO de Paris 2024, Stand.earth dénonce des pratiques environnementales trompeuses, notamment dans la campagne Lululemon "Be Planet". Une affaire qui a lieu en France et qui pourrait marquer un tournant dans la lutte contre le greenwashing en Europe.

• Financial Times - Au Bangladesh, la situation continue de dégénérer.

  Les manifestations au Bangladesh paralysent l'industrie textile. Fermetures d'usines, perturbation des expéditions, couvre-feu... L'industrie textile au Bangladesh perd 150 millions de dollars par jour. Ce climat d'incertitude inquiète les grandes marques internationales, et les décideurs politiques qui craignent que les donneurs d'ordre délocalisent leurs chaînes d'approvisionnement.

• Just Style - Une nouvelle fibre innovante à base de déchets de cuir.

  C’est ce que promettent la startup finlandaise Spinnova et Ecco Investment Corp qui prévoient de commercialiser ce néo-matériau via leur joint-venture Respin. Après des tests concluants en 2023, Ecco lancera un produit intégrant cette fibre d'ici fin la fin du premier trimestre 2025, avec un potentiel de production à grande échelle.

• Forbes - Les acteurs américains de la mode durable comptent sur Kamala Harris.

  La candidate démocrate à l'élection présidentielle pourrait jouer un rôle clé dans la promotion du secteur si elle est élue. Connue pour son engagement en faveur du climat et son audace quant il s'agit (au moins en paroles) de secouer les entreprises américaines, elle encourage l'industrie de la mode à adopter des pratiques plus responsables.

LA STARTUP DE LA SEMAINE

Un nouveau paradigme : la re-consommation

Paradigme est une startup familiale. Fabien et Vincent ont réuni leurs forces entrepreneuriales durant le confinement, après s’être heurtés aux problèmes des plateformes de revente qu’ils trouvaient peu intuitives et chronophages. La-leur permet, d’un côté, de remettre en circulation des articles déjà produits et portés, de l’autre, d’encourager des marques qui produisent de belles pièces grâce au système des bons d'achat. Paradigme est devenue une communauté bienveillante où vendeuses, acheteuses et marques s’accordent sur une nouvelle manière de consommer la mode.

LA PREMIERE DE LA CLASSE ECO

Une athlète de haut niveau dont l’échappatoire est la couture

"La vie d'athlète de haut niveau est très mouvementée, et j'avais besoin d'une bulle d'air." Romane Dicko, c'est une médaille d'or et une en bronze aux derniers JO tombée dans la couture pour se détendre et habiller sa carrure singulière. Elle pratique désormais l'upcycling et assumer de porter des grandes robes rouges et des talons hauts, si c’est elle qui a créé sa tenue. Brut l'a suivie dans son atelier.

ON NOUS A VUS, ON NOUS VERRA

• Sur BIG par BPI France, le plus grand rassemblement business d’Europe, le 10 octobre à l’Accord Arena Paris pour parler progrès et rencontrer celles et ceux qui y œuvrent.

• A la boutique éphémère de la Maison de joaillerie JEM, 3 rue des Blancs Manteaux Paris 3è, un écrin dans le Marais parisien jusqu’au 25 août pour (re)découvrir les merveilles en Or éthique Fairmined.

• En vacances ! Nous fermons les réseaux sociaux du 1et au 18 août, le site du 11 au 18 août (accessible, mais non mis à jour) et les newsletters ne serons pas publiées les 8 et 15 août. Ceci pour régénérer l’énergie et les idées de notre petite équipe ! Nos podcasts et articles restent accessibles depuis la plage 😎. Bonnes vacances !

AUX ANTIPODES

La découverte hors-secteur, pour penser contre son cerveau.

Le problème à trois corps, plongée dans la science fiction chinoise contemporaine

Le Problème à trois corps est le nom d’un roman écrit par l’écrivain chinois Liu Cixin, adapté aux écrans par Netflix. Publié en 2016 en France, huit ans après sa parution en Chine, il est le premier tome d’une trilogie, également composée de La Forêt sombre et La Mort immortelle. C’est un roman extrêmement réputé, lauréat du prix Hugo du meilleur roman en 2015, une prestigieuse récompense littéraire américaine. “Dans la Chine des années 60, une jeune femme prend une décision désastreuse dont les répercussions à travers le temps et l’espace vont affecter un groupe de chercheurs brillants dans le monde d’aujourd’hui. Alors que les lois de la nature se dérèglent sous leurs yeux, cinq anciens collègues se retrouvent pour affronter le pire des dangers ayant jamais menacé l’humanité.” Une épopée fascinante pour nous faire doucement cogiter lors des soirées d’été.

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