Cartographie des savoir-faire par territoire
Les lois contre le travail forcé repoussées par la Chine · Primark, indécemment riche · La gen Z adore les copies du luxe · Transmettre les savoir-faire territoriaux · Le Bangladesh veut développer la mode circulaire pour ses client·es en Europe · Un jeu de plateau pour se rassembler (et lâcher son smartphone).
L’édito par Renaud Nicolas Petit, rédacteur en chef
Devoir de vigilance : comment les lois occidentales qui responsabilisent la mode sont-elles perçues en Chine ?
Les tensions avec la Chine se manifestent notamment par des lois qui visent plus ou moins directement l’industrie chinoise et le secteur de la mode. Parmi ces réglementations, on trouve notamment celles qui sont, au moins en partie, destinées à combattre le travail forcé. La loi américaine UFLPA (Uyghur Forced Labor Prevention Act) illustre bien cette dynamique et la pression croissante sur l'écosystème textile chinois. Ce mois-ci, la liste noire des entreprises chinoises interdites d’exportation vers les États-Unis a été étendue à 65 entreprises. L'ambassade de Chine à Washington critique cette décision qu’elle qualifie de "prétexte pour freiner la croissance de la Chine".
En Europe, les lois sur le devoir de vigilance exigeront des grandes entreprises qu’elles fournissent des audits détaillés de leurs fournisseurs. La Chine se sent visée. Bien que ces règles ne la mentionnent pas directement, elles devraient cibler, de fait, les entreprises chinoises puisque la Chine est le deuxième plus grand partenaire commercial de l'UE.
Il faut également avoir en tête le fait que le gouvernement chinois nie entièrement l'existence des camps de travail forcé pour les Ouïghours. Mao Ning, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, dénonce ces accusations comme de la désinformation visant à ternir l'image de la Chine. Officiellement, la Chine condamne fermement ces lois, les considérant injustifiées.
Les efforts occidentaux pour responsabiliser l’industrie textile sont perçus par le pouvoir chinois comme des attaques personnelles, une instrumentalisation des droits humains et des questions environnementales pour harceler la Chine et une tentative de nuire à son développement économique qui mérite une riposte, sans qu’on en connaisse encore la nature.
Renaud Nicolas Petit
LA QUINTESCENCE
Les points clés de la semaine sur The Good Goods et ses réseaux.
#PRODUCTION - Qualité, travail, environnement : tout sur le Made in Portugal - Le Portugal est devenu un acteur majeur de l'industrie de la mode en Europe. Vêtements, chaussures, accessoires, mass market, luxe… Il semblerait qu’on y produise à peu près tout. Pourquoi cet essor ? La production portugaise bénéficie d'une image positive sur le plan mais aussi environnemental. Comment le Portugal évolue-t-il en tant que grand pays producteur de mode, que se passe-t-il derrière les façades des usines, et à quoi peut-on s’attendre à l'avenir ?
#PODCAST - Inventer le luxe de demain, avec le Comité Colbert - Le Comité Colbert regroupe les maisons de luxe françaises et œuvre pour la préservation et la transmission des savoir-faire artisanaux d'excellence. Avec sa déléguée générale Bénédicte Epinay, nous avons pu discuter des défis liés à la transmission des métiers d'art dans le contexte de la crise climatique. En toile de fond : un nouveau luxe à réinventer, à la fois innovant mais respectueux des traditions.
#RÉGLEMENTATION - Tour d’horizon des lois contre le travail forcé - L’esclavage moderne est encore pratiqué à travers le monde et l’industrie de la mode est largement contaminée. La question de l’esclavage des Ouïghour·es en Chine est notamment un cas emblématique. Des lois existantes, et de nouvelles en cours de définition, visent à responsabiliser les marques et les rendre responsables notamment des cas de travail forcé chez leurs sous-traitants. Qui concernent-elles, de quels pays ou régions émergent-elles, et comment se coordonnent-elles ?
DEMAIN S’ECRIT (AVEC) LA VEILLE
A lire, à voir, à écouter ailleurs.
“Faut le voir porté”. En e-commerce, c’est possible grâce à Google
Wired - Google propose un outil basé sur l'IA pour aider les acheteurs en ligne à voir comment les vêtements s'adaptent à leur morphologie et leur couleur de peau. Avec cette technologie, les marques peuvent montrer leurs produits dans plusieurs contextes et sur tous les êtres humains, sans avoir besoin de multiplier les shootings photos qui, de toute façon, ne seraient jamais exhaustifs. Avec cette innovation, Google pourrait contribuer à faire encore grossir le e-commerce de mode, dont un des freins principaux réside dans l’incertitude des consommateurs au moment de l’achat. Espérons qu’elle pourra aussi participer à réduire les retours produits.
Que faire avec la gen Z et sa passion pour les copies de marques de luxe ?
The Guardian - La génération Z n’a pas honte de porter des copies bon marché de produits de luxe. Parfois même, elle le revendique et elle en parle, notamment sur TikTok. Deux marques proposent de retourner la table et de capitaliser sur le phénomène. Lululemon et Olaplex jouent de la tendance avec des designs adaptés, mais aussi un peu de connivence. Chez Lululemon, les client·es peuvent ramener leur copie et l'échanger contre un vrai.
La famille derrière Primark est l’une des plus riches du Royaume-Uni
Retail Gazette - Avec une fortune combinée de 14,493 milliards de livres, elle se classe neuvième sur la Rich List 2024 du Sunday Times. Si ce cas n’est sans doute pas isolé, il incarne les injustices profondes au cœur de l'industrie de la mode, la disparité flagrante entre la richesse des propriétaires de marques et la précarité des travailleurs qui travaillent pour elles. Les ouvriers payés des sommes dérisoires en Chine ou dans le sous continent indien travaillent pour des entreprises qui génèrent des profits colossaux.
Pour l’UE, le Bangladesh veut développer la mode circulaire
Apparel Ressources - Pour maintenir ses exportations de vêtements vers l'UE, le Bangladesh doit mettre en place des politiques favorisant l'économie circulaire. C’est ce qu’affirme la PDG du think tank banglaidais BUILD (pour Business Initiative Leading Development). De nouvelles régulations, comme l' ESPR - Eco-design for Sustainable Products Regulation et le DPP - Digital Product Passport, sont effectivement en préparation et le Bangladesh se prépare à quelques bouleversements.
LA STARTUP DE LA SEMAINE
Des ressources minérales à la biomasse. Jikan Techno Inc. développe des matériaux hautement fonctionnels dérivés de la biomasse. Graphène, silice botanique ou silicone sont développés à partir de déchets, coproduits de chaîne d’approvisionnement variées, là où ils sont générés. La fabrication est ensuite développée localement en circuit court, dans un souci de haute performance et d'efficacité énergétique, selon un procédé neutre en carbone. |
LE PREMIER DE LA CLASSE ECO
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ON NOUS A VUS, ON NOUS VERRA
Sur Viva Tech, pour croquer les dernières tech dont IA for good et prendre le contrepied de Shein. Du 22 au 25 mai 2024 Paris Expo Porte de Versailles 1 Place de la Porte de Versailles F-75015 Paris France.
Sur Textimoov!, l'expo des tissus du futur, du 17 mai au 29 septembre, pour sa 6e édition, Futurotextiles revient au Tripostal à Lille sur 6 000 m2 avec Textimoov! Une exposition totalement nouvelle et destinée à un large public met en scène les découvertes et les tendances actuelles du textile dans le monde entier.
Pop up Abadia & The Dropped Collection aux Galeries Lafayette jeudi 30 prochain de 18h à 20h, pour découvrir le travail de deux créatrices Saoudiennes pendant " le nouveau cool " - mois dédié à la circularité et aux initiatives durables du 29 mai au 25 juin 2024.
AUX ANTIPODES
La découverte hors-secteur, pour penser contre son cerveau.
I C E, le jeu
Autour d’un plateau, c’est ensemble et loin des écrans. On a découvert I C E, un jeu d’exploration archéologique dans un univers glaciaire aux allures de science-fiction. Les joueurs et joueuses incarnent l’une des 9 Guildes qui se lancent sur leurs voiliers des glaces vers la vallée des Nuukas, vaste site dans lequel ils trouveront des vestiges d’une civilisation antique sous la forme d’Artefacts. Il est édité par la maison d’Edition This Way, familiale et parisienne, qui porte un projet de passionnés que l’on a rencontrés : “Nous avons à cœur de développer un univers riche et immersif. Nos valeurs piliers sont une attention particulière à la qualité de finition, l'innovation, l'éthique et l'accessibilité des jeux”. Pour ICE, ils ont choisi d'utiliser du carton recyclable et des composants en bois pour la majorité du jeu, réduisant au maximum toute présence de plastique. Le fabricant Panda Game Manufacturing suit également la norme FSC® (Forest Stewardship Council).
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